Poèmes à Faye – 56

Ô Faye

dear Faye

en ta fanale compagnie

j’ai surmonté mille agonies

éborgné le cyclope

libéré les pourceaux

presque conquis la reine

enduré la cacophonie

des petites sirènes

mais Faye

je repars à ras d’eau

heureux oui comme Ulysse

et hisse le drapeau

vers la très haute mer

sans un œil en arrière

Ô Faye

muse des heures creuses

j’ai soldé le compteur

tu n’es plu du voyage

sorry darling sorry

ton fantasme reste à quai

sur un îlot de mélancolie

mes poèmes en hommage

si la bouteille dérive

jusqu’à la plage

si tu reçois le message

Ô Faye

so long baby so long

à l’horizon j’ai vu

l’Amour

on se reverra en Enfer

si la vie suit son cours

Ô Faye

c’est fait je fuis

far away

farewell

ma belle !

Poèmes à Faye – 55

Ô Faye

un nabab à Bangkok

fait bimber des mineures

à dada sur Moby Dick Daddy Pacha

pour l’argent du beurre

Bamboo Girl passe

au wok

Ô Faye

un gogo à nymphettes

à Pantin ou Phuket

ou Putainouchnoque-

lès-Woawoa

enrobé dans son suint

relève Alleluiah

sa molle bistouquette

en louant quelques seins

qui traînaient là

Ô Faye

à l’enseigne du Market

partout les mêmes marques :

Universal Prostitution

Worldwide Fuck

Global Tristesse

and so on

and so forth

Ô Faye

combien de jeunesses

pour quelques dollars

foutues en l’air

combien de paires de fesses

à l’épreuve du lard

enfin quelle misère

Ô Faye

mais sais-tu au moins ça

ma divine

mon idole de bois ?

Poèmes à Faye – 54

Ô Faye

je travaille la chair

en sous-cutané j’ai

le chip le scalpel le billot

l’écran la blouse les gants

le masque et un cerveau

fantasque visionnaire

Ô Faye

je t’élabore au

niveau moléculaire

embryon de poupée

engin de gènes au néon vert

superplastique souris

blanche de laboratoire

Ô Faye

et t’étiquette monopole

modèle cloné traçable

docile bouche de soie

yeux de chatte première

femelle entièrement démontable :

suprême révolution

dans l’industrie du lard

un paquet de dollars

Poèmes à Faye – 53

Ô Faye

Santa Croce de la Luna

en lambeaux de pulpe

solaire

haute et

prise dans les serres

du Bubo Bubo

chevauches à cru

la cuisse de la

nuit ô la dernière

Ô Faye

l’œil au hublot je

scrute la nuit d’effroi

White Moon à l’heure

vampire ô Faye tu es

ma bouée

dans les nuages déboussolés

du ciel d’Apocalypsa

Ô Faye

l’œil orangé

de la Tyto Alba

surveille sur un roncier

crève-cœur la progression

des légions blanches

la nuit crisse de fourches

et d’ailes en partance

d’en bas j’entends le houhou tabou

des hiboux hurler que

l’aube demain n’aura plus

qu’une infime chance

Ô Faye

des plumes de sang

jalonnent les volières

l’heure du chat-huant

miaule dans les cieux

du nid jusqu’à l’enfer

Poèmes à Faye – 52

Ô Faye

rousse Amazone

à l’incendie entre

les pinces du Cancer

mélanome malin

dévorant les pâleurs

qui contestent sa zone

Ô Faye

motel désolé

Nouveau-Mexique

Cadillac capot grand

ouvert cuisses sur la

portière corsage aéré

viol de soleil

à cheval sur la carrosserie

seins confits cônes

de miel

Ô Faye

dans le fond du

canyon un troupeau

de morses chippendales

humides grognifères

ventres d’argile échoués

dans un cul-de-sac

social du Grand Désert

à la pointe des dents

se déversent

et se hissent jusqu’au

piton au précipice

Ô Faye

buisson ardent

flamme sorcière si tu

montes au Paradis

je descends en Enfer

Poèmes à Faye – 51

Ô Faye

tu es désolation

feu essence

station-service capote

de pissotière liquide

vaisselle paquet

de chips étoile du

voyage lune plastique

encollée à l’échine

molle des nuages

Ô Faye

tu es prostitution

camion vice

frite froide canette

de cola essuie-glace

pare-brise ice-cream

brise-glace sautoir

de perles bitume

moite coulant comme

une langue noire

Ô Faye

tu es destination

mallette carte

code-barres

thalasso banque

moka flingue radio

pneu chaud qui

éreinte l’asphalte

néon water closet

regard croisé

lèvres à l’embouchure

d’une paille

Poèmes à Faye – 50

Ô Faye

I’m stuck in poetry

like a jellyfish on the speedway

love is a wild secret

country

not that far away

Ô Faye

panique caudale

sous le squelette

des grands mammifères

lutte à plat ventre jambes

en l’air le phalle et la

vulve déflasquent au soleil

comme tronçons de vers

de terre

un taux cuisant

d’humanité dans l’air

poupées répréhensibles

pneumatiques dégonflés

gigots à coussins d’air

Poèmes à Faye – 49

Ô Faye

détail hypermacroscopique

bite géante

chatte béante

jouissance à la

précision anatomique

après-midis gluantes

pornophtalmologique

eye eye eye

pic pic pic

Ô Faye

appendice génital

sans l’ombre d’un flou

carnes ventilées

l’éventail mou

de l’orifice vaginal

décuple l’effet trou

dans la moindre entaille

clic clic clic

aïe aïe aïe

Ô Faye

à l’ère pornochirurgicale

l’origine du monde

s’expose en mégapiXL

l’œil à l’échelle

médicale par-dessus

tout superficiel

picotements couleur

brouillard lourd

de séquelles

help help help

hell hell hell

Ô Faye

et je m’écœure lentement

de ta bouche zoomée

à la base des glands de

ta chatte éventrée de tes

lèvres enfoutrées au

millimètre près du reflet

blanc des

laves de sperme qui

t’engorgent les dents

Ô Faye

bien voir

console les manchots

de ne plus se mouvoir

moi Faye

je le fais

dans le noir

Poèmes à Faye – 48

Ô Faye

tu es le sucre et la rose

dangereuse comme une

blonde à dobermans

comme une bouche

close

Ô Faye

je m’éparpille

boule à facettes

gaspille le printemps

en kilos sable

de coquilles piécettes

au bord d’un lac plein d’eau

Ô Faye

l’amour obèse fait

des euh dans l’eau

les mouches baisent

sur le ventre

sur le dos

des blondes aboient

sur leurs ersatz XL

de chihuahuas ça manque

Ô Faye

de sucre et de roses

sur les chiennes

bouches écloses

Poèmes à Faye – 47

Ô Faye

entre les grilles

de ton harem de

jerking class heroes

j’enfonce l’ombre

d’une pointe de

corne de taureau

Ô Faye

les clics et l’ivre haleine

des aficionados

escortent mon entrée

Don Juan Garcia Sancho

lambeau noir au bout

de ton épée

bandeau troué du

masque de Zorro

Ô Faye

le verre de ma fenêtre

goutte du

sable chaud de la

fusion qui l’a fait naître

les vitres portent sous cape

ta nudité rouge

de Carmen

la vue sur l’Océan troublée

par la sueur des arènes

dans chaque transparence

l’empreinte te discerne

Ô Faye

Liquid Queen reine du

Souffle et du Sang

les geysers des baleines

l’agonie des toros

lourds et haletants

comme meurent les cachalots

chaque élan un coup

en l’air chaque corne

un coup dans l’eau

Ô Faye

l’éclat de ton épée

au-dessus du garrot

l’ombre d’un combat

s’estompe dans tes jupes

muleta